Connaissez-vous SPAC ?

Non, non il ne s’agit pas de l’alter égo de Monsieur Spoke dans Star Trek, mais bel et bien d'une action financière. Le SPAC (Special Acquision Company) est une entreprise qui ne dispose pas d’activité commerciale, mais dont l’objectif est de réaliser une levée de fonds en entrant sur la place boursière. Pourquoi s’y intéresser ?

Contextualisation et point historique

Les SPAC sont apparus dans les années 90 aux Etats-Unis, mais c’est dix ans plus tard qu’ils vont connaître un intérêt nouveau. On peut noter qu’entre 2003 et 2006, le nombre de SPAC a augmenté de 1 à 38 et les capitaux levés sont passés de 21 millions à 3,1 milliards de dollars. Si les SPAC sont bien installés outre-Atlantique, leur apparition en Europe est plus tardive. Il faut attendre 2007 pour que les SPAC s’introduisent dans l’Union Européenne. A l’échelle française, les SPAC restent encore méconnus. La preuve en est que lors de la levée des 200 millions d’euros par le SPAC en 2010, le groupe Wendel s’est adressé à  la ville de Frankfort.

SPAC : un chiffre record d’investissements

2020 est un record pour l’introduction de la SPAC en bourse. Le site internet Statista révèle que les SPAC en mars 2021 ont levé « des capitaux dans 296 introductions en bourse aux Etats-Unis au cours de cette seule année ». En comparaison, en 2019, elles étaient 59. D’où provient cet engouement ? Il provient notamment de l’intérêt d’investisseurs américains bien connus de la scène médiatique internationale. Pour n’en citer que quelques uns, le quarterback Colin Kaepernick, la joueuse de tennis Serena Williams, le rappeur Jay-Z ou encore l’activiste Bill Ackman popularisent SPAC. Ces grandes fortunes se dotent ainsi de leur propre SPAC. La banque d’investissement Goldman Sachs prévoit 300 milliards de dollars d’opérations d’ici la fin d’année 2022. Un chiffre toujours en hausse qui met en lumière un avenir radieux pour SPAC ?

La French Tech investit dans les SPAC ?

Le véhicule financier du SPAC s’implante en France et recherche des cibles européennes. Néanmoins les entrepreneurs français restent prudents. Pourtant la tension est montée d’un cran auprès des entrepreneurs depuis ce début d’année. Parmi eux, certains ont l'envie de mettre en valeur des promoteurs SPAC et de conclure des opérations rapidement. Selon le journal Les Echos écrit le 25 mars 2021, le SPAC se tourne désormais vers l’Europe en raison d’un « manque de candidats » car les SPAC ont rempli leurs objectifs financiers aux Etats-Unis avec 464 SPAC pour un total de 100 milliards de dollars. Il faut ainsi trouver un nouveau public. En France, aucun encadrement juridique légal ou réglementaire régit la création de ce véhicule financier. Le journal du Net, le 2 février 2021 précise dans son article qu’il est important sur le plan juridique de « détailler le plus possible les statuts de la société et en particulier son objet social »

Autre point, le plan administratif. L’article du journal du Net indique qu’il faudrait aussi que la société pose une dérogation à AMF (l'Autorité des Marchés Financiers) pour mettre en œuvre trois exercices comptables afin de procéder à une offre au public. Autant dire une démarche administrative supplémentaire fastidieuse. Sans oublier qu'il faut également répondre à la loi régissant les S.A., article L.225-209 de la loi Sapin 2 du 9 décembre 2016.  Cette loi expose les conditions sur lesquelles  une société doit être vigilante notamment sur le seuil du franchissement des 10 % de l’autocontrôle de la société. Le système libéral américain et français étant différents, le SPAC doit s'adapter et entrer dans le cadre du système juridique et administratif  français qui régit le système financier.

Cependant, pour finir sur une note d’optimisme, les dirigeants reconnus pourrait utiliser SPAC comme un radar à licorne dans les domaines stratégiques. 

Et après ? Nous pouvons ouvrir la discussion sur les SPAC en temps de crise sanitaire, en nous questionnant si c’est un choix intéressant pour les PME et quelles limites peut-on poser ?