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La Finance Verte : un nouvel eldorado pour l’Europe ?

La Finance Verte est inscrite dans le plan de la transition écologique du gouvernement français depuis le 16 septembre 2019 dans le but de transformer les flux financiers publiques et privés vers des objectifs climatiques vertueux. Il y a quelques jours, Paris décidait de reporter les règles de la Finance Verte. Pourquoi cette décision ? La Finance Verte est-elle une démarche encore trop précoce en France ?

 

La Finance Verte dans le monde

En 2018, le FMI (Fonds Monétaire International) estimait le PIB mondial à presque 85 000 milliards de dollars. Si les évaluations économiques varient, elles concordent sur un point commun, il faut réunir des investissements comparables au PIB mondial pour lutter contre le réchauffement climatique. Il faudrait aussi envisager d'augmenter de plusieurs points le PIB mondial et ce chaque année en faveur de la Finance Verte. La Finance Verte comporte l’ensemble des activités financières liées à la transition écologique et énergétique. La finance internationale affirme sa volonté de  « faire basculer des milliers de dollars vers la Finance Verte » lors du G20 2017 à Hambourg.

Cependant, pour Maxime Combes, économiste et porte-parole d’Attac, si le réchauffement climatique est l’affaire de tous, il faut s’extraire de ce discours simplificateur et prendre en compte d'autres facteurs. Se limiter à un montant d’investissement pour une Finance Verte, n’est pas suffisant. Il écrit dans son rapport  paru en 2017 que «Ce qu’on oublie souvent lorsque l’on parle de ces masses globales, c’est qu’il ne faut pas uniquement des milliers de milliards d’euros dans l’économie verte, mais aussi que les milliers de milliards d’euros qui financent actuellement l’économie non verte soient réduits à la plus faible portion. » Selon l’économiste, l’attention doit également se focaliser sur : 

  • le marché obligatoire mondial
  • la dette produite par les Etats et les grandes entreprises qui leur permettent de financer leurs activités au quotidien 

Maxime Combes précise que le stock de ces obligations s’élève à plusieurs milliards de dollars. Et c’est face à ce marché obligataire mondial qu’un  marché de l’obligation verte se développe. L’économiste conclut que la finance verte reste encore « minuscule, pas assez régulée et organisée pour s’assurer que ce qui est financé est réellement verte. »

L'économiste prend l'exemple du projet de l'immense aéroport à Mexico au Mexique initié par le président mexicain en 2018. Le tribunal mexicain s'est fermement opposé à l'idée et demande l'annulation de sa construction en raison d'absence de permis environnemental. A raison, la suspension du projet Texococo a fait basculé  les marchés financiers et a contraint le gouvernement a versé la somme de 1,8 milliards de dollars de dédommagement

La Finance Verte prend ainsi une autre perception par rapport à celle définit jusqu’ici. D’un intérêt vertueux, elle devient une échappatoire financière.

 

 

La Finance Verte : un nouvel eldorado pour l’Europe ?

La Finance Verte en Europe

A l’échelle européenne, la Finance Verte a le vent en poupe. La raison ? Elle est l'élément essentiel qui répond aux problématiques du dérèglement climatique et aux enjeux sociaux. Pour amorcer la transition du secteur financier vers une finance durable, la Commission Européenne a publié son Plan d’Action en mars 2018.

La stratégie envisagée par l’Union Européenne est de mettre le secteur financier au service de la transition écologique. Ceci par la valorisation des investissements responsables dans le domaine social et environnemental. L’accord qui scelle ces améliorations est l’accord de Paris adopté en 2015. Cet accord prévoit une forte réduction des émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement climatique à 2°C. En contrepartie les investissements estimés pour parvenir à cet objectif s’élèvent à 180 milliards d’euros. Un budget difficile à atteindre pour les Etats membres.

De plus, d’après une première analyse, les flux financiers en l’état actuel mettent en évidence que les objectifs de l’accord de Paris ne seront pas atteints. Les résultats de l'analyse ne sont pas encourageants et mettent en évidence que le  réchauffement climatique atteindrair 3,6 °C. Face à ce chiffre, la Commission Européenne a mis en œuvre un groupe européen d’experts de haut niveau sur le sujet de la finance durable, la GEHN. Leur mission ? Etudier et guider les actions de l’Union Européenne vers une économie durable.

En Janvier 2018, la GEHN a mis sur papier ses conclusions dans un rapport qui a servi de base à la rédaction du Plan d’Action sur la finance verte de la Commission Européenne. Il a été publié en mars 2018. Il a pour but de redéfinir la finance actuelle afin de la mettre au service du développement durable et des objectifs climatiques.

La note de l’analyse du Think & Tank européen 'Pour la Solidarité' souligne deux éléments. La première est la volonté de ne pas écarter des projets pour des questions de rentabilité « la conception de l’UE, est  plus centrée sur les retombées économiques. Le risque est de voir des innovations favorisées pour des raisons de rentabilité au détriment d’autres projets présentant un intérêt environnemental supérieur. »

Le second élément est la diversification des hydrocarbures qui ne facilite par la tâche des investissements durables. De cette façon un fournisseur d’électricité verte, Lampiris s’est fait racheter par le groupe Total en Belgique « les compagnies pétrolières investissent dans ces nouvelles sources d’énergie propres ».

Le journal Ouest France rappelait dans son article du 2 avril 2021 que la Présidente de la Commission Européenne affirmait en décembre dernier que « L’Europe sera le premier continent neutre en carbone en 2050 ». Pour y arriver, le Pacte vert et la taxonomie flèchera les investissements. La taxonomie est une classification qui permet d’évaluer la durabilité de 70 activités économiques et qui représentent 93 % des émissions de gaz à effet de serre en UE comme les transports bas carbone ou des activités qui conduisent au verdissement.  Et en France comment cela se met en œuvre ?

La Finance Verte : un nouvel eldorado pour l’Europe ?

La Finance Verte en France

Elle peut être accessible par tout citoyen par l’investissement dans différents types d’organismes comme celui de placements collectifs OPCVM (valeurs immobilières), placements d’investissement à capital variable (SICAV), des fonds communs de placement (FCP) ou des obligations vertes. La création d'un écolabel européen est envisagé pour guider les particuliers.

Ces obligations vertes sont diversifiées comme :

  • un compte titre ordinaire 
  • un Plan d’Épargne en Actions (PEA), si le fond ISR est éligible
  • un contrat d’assurance-vie où l’assureur s’engage sur un nombre d’unités de compte et non sur la valeur non garantie
  • une épargne salariale ou de retraite collective, si elles sont proposées 
  • un plan épargne retraite (PER)

Pour les entreprises, des décisions strictes sont mises en place. D'après le Ministère de l'Economie, elles sont mesurées sur plusieurs critères, notamment  :

  • des obligations vertes : financement de projets à vocation écologiques
  • marché carbone : accorder des « droits de polluer » sous réserve d’acheter ses droits supplémentaires
  • taxe carbone : taxe qui a pour objectif de pousser à trouver des énergies alternatives

En France, le barrage de l’entreprise française internationale Engie a été financé par la compagnie pétrolière Repsol. Ce qui peut nuancer toutefois les objectifs vertueux de la Finance Verte.

La Finance Verte ne peut pas être définie comme un eldorado inatteignable pour l'Europe, mais plutôt comme un chemin semé d’embûches. Investir dans la Finance Verte, c’est au-delà d’un investissement financier, un investissement politique qui demande une prise de risque financier. Les règles reportées de la Finance Verte en France concernent le nucléaire et les restrictions engendrées. Nous pourrions ouvrir le débat sur la mise en place d’un discours politique sur la Finance Verte auprès des PME françaises et analyser leurs possibilités d’investissement.

Tag(s) : #unioneuropénne, #financeverte, #investissement, #finance, #entreprises, #usa
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